Aujourd’hui le festival a 19 ans. C’est incroyable de penser qu’il a vu le jour loin de l’effervescence des réseaux mainstream, et qu’il continue de faire son bout de chemin à une époque où le nombre de followers, les millions de vues et la quête de la vidéo de concert la plus “dope” semblent parfois compter le plus. Il arrive même parfois qu’un artiste n’ait plus qu’une mer de smartphones devant lui, ne pouvant finalement profiter des visages de son public. Certains prennent des mesures radicales : “Le Process* Tour se fera sans téléphones” a annoncé le rappeur Dinos et son label en dévoilant sa tournée 2024. “Le Process* Tour commence dans quelques jours et je veux qu’on vive le moment sans distraction, juste vous et moi, dans l’instant présent”, partageait Dinos en story Instagram.
Cette initiative, c’est peut-être le début d’un nouvel élan : un retour aux sources, peut-être ?
À 19 ans, Hip Opsession fait figure d’aîné. Mais loin de la vieille branche, le festival demeure jeune pousse. Il cherche sa place, il se questionne, et improvise. Le choix des artistes est illimité car notre pays en est riche, de l’underground aux plus connus. Pour cette édition “Retour aux sources” du Hip Opsession, l’engagement est fort, avec obstination et passion, pour prouver si c’est encore nécessaire, la vitalité de ce qui reste du hip hop originel. Alors la programmation met en avant les disciplines phares de la culture hip hop : rap, danse, DJing, graff, knowledge, dans une représentation du hip hop en tant que mouvement populaire, sauvage et en perpétuel renouvellement.
Depuis les premières éditions, Hip Opsession s’emploie à mettre en lumière la scène locale. Et cela tombe bien, à Nantes, la culture hip hop est riche et les activistes sont nombreux·seuses. Les festivaliers retrouveront ainsi sur scène une large sélection de talents made in 44, allant du rap à la danse, passant par des DJ sets aux petits oignons : Whyci au caractère de feu et revendicateur derrière le micro, le prometteur Yassin et dans l’effervescence du rap nantais, les collectifs XXFLY et Shining ou encore J.Moses, pionnier de la scène hip hop underground à Nantes depuis les années 90. Le festival s’associe également aux activistes hip hop locaux pour co-organiser des workshops, notamment avec The Rookies, que l’on ne présente plus sur la scène danse hip hop à Nantes. Les spectateurs pourront aussi apprécier le nouveau spectacle de danse “2048” de la compagnie Chute Libre ou encore le spectacle “Salam” de la compagnie NGC25, un appel à la paix dont les bénéfices seront intégralement reversés à Médecins Sans Frontières, soutenant la population civile palestinienne.
La scène nationale n’est pas en reste. Les festivaliers pourront (re)découvrir de nouvelles figures du rap francophone, tels que Jeune Mort qui a frappé très fort avec son premier EP, Mortuus, Samir Flynn, vainqueur du Buzz Booster 2023, ou encore Sto, figure émergente du rap français.
Mais aussi les artistes qui ont déjà conquis un large public comme Limsa & Isha, ou encore Davodka, rappeur incontournable de la scène hip hop française qui représente ceux qu’on n’entend pas assez. Hip Opsession étend également ses frontières à l’international. BXKS et Rushy, les nouvelles sensations du hip hop britannique, Naya Ali qui apporte un vent de fraîcheur sur le hip hop canadien, ou encore Aunty Rayzor, artiste prodige du Nigeria, viennent étoffer la programmation.
Les DJ sets seront également à l’honneur, tout particulièrement jeudi soir. DJ EMII et L.Atipik prendront les rênes du Lieu Unique et assureront comme il se doit l’ouverture du festival, tandis que le duo Groovewax clôturera l’édition 2024.
Et au-delà de la musique et de la danse, Hip Opsession c’est aussi des moments de rencontres, d’échanges et de discussions. On parlera des débuts du hip hop, des luttes et des triomphes de l’industrie musicale avec l’association nantaise “Accès au Cinéma Invisible” après la projection de “Krush Groove” au Cinématographe. On évoquera la rétrospective, l’avant-gardisme et les mutations à travers quatre décennies de musique hip hop en France avec Marie Sonnette-Manouguian et Karim Hammou, à Trempo. Et puis, parce qu’on aime parler danse aussi, Solange Maribé réinterrogera la question “Le Break est-il un art ou un sport ?”, entourée de Bgirl Sarah Bee, Bboy Ceebri et Amjad, bboy et MC. Un débat de longue date qui a été ravivé à l’annonce de l’arrivée du break aux Jeux Olympiques Paris 2024.
Par ailleurs, un programme d’ateliers culturels et de workshops accompagne la programmation de cette nouvelle édition et garantit, encore une fois, la volonté du festival de valoriser la découverte et la transmission autour du hip hop, à tous les publics.
